Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Plus léger que l'ère
19 juillet 2018

L'indice de tolérance en France

La tolérance entre novembre 2016 et novembre 2017 pourrait paraître en recul, mais compte tenu de la marge d’erreur il faut conclure plutôt à une stabilisation des opinions. Surtout, si on compare aux basses eaux de l’indice lors de la période 2012-2014, cette stabilité doit être vue comme la confirmation d’une période particulièrement favorable aux minorités. Autrement dit, malgré les attentats qui se sont succédés, malgré un débat politique qui a tendance à pointer du doigt les immigrés, leurs descendants et les réfugiés, la tolérance s’est maintenue à un niveau élevé. Ce niveau est équivalent à celui des années 2008 et 2010. Il place l’année 2017 dans les 5 années les plus tolérantes selon l’indice, seulement dépassée par l’année 2009 (qui constitue le record de tolérance avec un niveau de 66) et les années 2008, 2010 et 2016. Bien sûr, on peut s’interroger sur cette stagnation de l’indice. Est-ce le signe que la France aurait atteint un plateau de tolérance depuis le début de l’année 2016 ? Ce retour à une situation et un niveau atteints il y a 8 ans peut être le signe que les «ambivalents » sur les questions d’immigration et de tolérance sont revenus à leur état d’esprit antérieur. Désormais, les individus qui restent du côté du rejet des immigrés pourraient avoir des opinions structurées et seraient alors moins sensibles au contexte, de la même manière que la relative stabilité de l’indice en 2013 et 2014 pourrait s’expliquer par le fait qu’on toucherait cette fois-ci au noyau dur « ouvert » de la société française. Attention cependant, ceci n’est qu’un des scénarios possibles. On peut aussi se demander si on ne se dirige pas vers une augmentation de l’indice dans le temps, mais d’ampleur plus mesurée que dans la période 2014-2016, portée par le renouvellement générationnel et le niveau d’éducation. Il faut aussi rappeler que l’indice longitudinal est très sensible à la couleur politique du gouvernement, selon un phénomène identifié depuis longtemps par Wlezien qu’il a appelé «l’effet thermostatique». Si le gouvernement est de droite l’indice tend à s’orienter vers plus de tolérance, et vers plus de crispation s’il est de gauche. Le Président Macron et son gouvernement pourraient être difficilement classables de ce point de vue. Depuis l’élection de 2017, l’Élysée, Matignon et Beauvau parlent de politique migratoire équilibrée entre « fermeté » et « humanité », mais en novembre plusieurs associations en charge de gérer les centres d’accueil se sont opposées à la politique gouvernementale et plusieurs tribunes d’intellectuels (dont Jean Pisani-Ferry ou Yann Moix) ont dénoncé la gestion de la crise calaisienne. Ce cadrage pourrait bien aboutir à ce que progressivement la perception du pouvoir en place se « droitise ». Donc, suivant le mécanisme thermostatique on pourrait voir la tolérance progresser à l’avenir. Enfin, il faut prendre en compte la question économique. Autant avant la crise de 2008 on n’avait pas noté de lien particulier entre niveau de chômage et évolutions de l’indice25, la baisse de l’indice des années 2012-2014 correspond aussi au moment où la crise produite par la grande récession de 2008 a été particulièrement centrale dans les préoccupations et le quotidien des Français. Si jamais l’embellie (relative) du chômage venait à se confirmer dans les mois qui viennent, cela peut être un facteur bénéfique pour la relation aux immigrés et aux minorités.

Publicité
Publicité
Commentaires
Plus léger que l'ère
Publicité
Archives
Publicité